La Russie et l'église universelle
Vladimir Soloviev [Soloviev, Vladimir]Celui qu’on a appelé l’Origène russe avait du génie mais sa foi chrétienne très christocentrique, prend parfois des tonalités gnostiques. Sa vie errante et sa santé malmenée, il est mort d’épuisement à 47 ans, sont l’occasion de bien des tournants parfois surprenants qui compliquent la présentation de cette figure si attachante.
Chevalier intrépide des grandes causes il défendit les polo-nais asservis, les Vieux croyants persécutés, les Uniates exterminés et dénonça l’injustice du statut des juifs dans l’empire tsariste. Ses tentatives de rapprochement œcuménique qui ont échoué de son vivant en font pourtant aujourd’hui une référence de premier plan.
Il songea un moment devenir moine, mais sa vocation était celle d’un prophète qui s’engageait aussi bien dans les controverses spirituelles que dans les questions sociales. Lorsqu’il mourut, en 1900, Lénine, prophète d’une autre cause, avait 30 ans.
Soloviev est certainement le plus grand philosophe russe, mais il est difficile de caractériser une œuvre aussi diversifiée Ce qu’on peut dire c’est qu’il est habité par une passion pour la vérité enracinée dans une foi chrétienne très profonde.
La mission à laquelle Soloviev se sentait appelé peut se ramener à deux idéaux : l’unité et l’universalité. Il combattit la division des chrétiens au nom de l’unité et le nationalisme religieux russe au nom de l’universalité.